Alimentation rénale du chat : pâtée ou croquettes, que choisir ?

Insuffisance rénale chronique : un enjeu majeur pour la santé du chat

L’insuffisance rénale chronique (IRC) est l’une des maladies les plus fréquentes chez les chats âgés, notamment à partir de 7 ans. Selon l’Ordre national des vétérinaires en France, plus d’un tiers des chats de plus de 10 ans sont concernés. Cette pathologie évolue lentement et sans symptôme visible à ses débuts, mais une alimentation adaptée peut considérablement ralentir son évolution et améliorer la qualité de vie de l’animal.

Beaucoup de propriétaires se posent cette question : « Mon chat mange bien, il est vif… est-ce vraiment utile de changer sa nourriture ? » La réalité est que plus de 70 % de la fonction rénale peut être altérée avant l’apparition de signes cliniques évidents. C’est pourquoi une adaptation alimentaire précoce est essentielle pour prévenir les complications futures.

Quels sont les apports nutritionnels clés pour un chat insuffisant rénal ?

Un régime rénal ne se limite pas à une simple réduction du sel. Il doit suivre des principes stricts :

  • Protéines modérées : un excès entraîne une surcharge de déchets, mais une carence provoque une fonte musculaire.
  • Faible teneur en phosphore : prévient l’hyperphosphatémie et ralentit la détérioration des reins.
  • Moins de sodium : limite les risques d’hypertension et de surcharge cardiaque.
  • Hydratation élevée : indispensable pour prévenir la déshydratation, souvent silencieuse.
  • Oméga-3 : effets anti-inflammatoires et protection des tissus rénaux.

Ces critères sont rarement réunis dans les aliments standard. Seules les gammes vétérinaires formulées pour l’IRC respectent ces exigences. Il est donc essentiel de lire les étiquettes au-delà des slogans marketing.

Pâtée ou croquettes : avantages et inconvénients comparés

Les propriétaires français hésitent souvent entre l’aspect pratique des croquettes et les bénéfices hydriques de la pâtée. Voici un tableau comparatif pour aider à faire le bon choix :

CritèreCroquettesPâtée
Teneur en eau7–12 %75–80 %
Facilité de conservationTrès bonneÀ conserver au réfrigérateur après ouverture
Protéines / phosphoreSouvent plus élevésMeilleur contrôle possible
AppétenceMoyenneÉlevée
Coût quotidien0,90 à 1,50 €2,50 à 4,00 €

La pâtée favorise naturellement une meilleure hydratation, facteur critique pour les reins malades. C’est pourquoi l’AFVAC (Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie) recommande d’opter en priorité pour une alimentation humide en début de maladie.

Analyse de quelques marques disponibles en France

Voici une comparaison des profils nutritionnels de produits vétérinaires disponibles sur le marché français :

  • Royal Canin Renal (pâtée) : protéines 7,5 %, phosphore 0,09 %, sodium 0,07 %
  • Hill’s Prescription Diet k/d (pâtée) : protéines 6,3 %, phosphore 0,08 %, sodium 0,06 %
  • Royal Canin Renal (croquettes) : protéines 24 %, phosphore 0,4 %, sodium 0,3 %

Les croquettes ont en moyenne une teneur plus élevée en protéines et en phosphore, ce qui peut accélérer la progression de l’IRC chez un chat déjà fragile.

Maintenir le poids et stimuler l’appétit du chat

Les chats atteints d’IRC perdent facilement du poids et de l’appétit. Il est donc crucial de proposer des aliments riches en énergie, digestes, et très appétents, tout en respectant les contraintes rénales.

  • Utiliser en priorité la pâtée quand le chat mange bien
  • En cas d’anorexie, proposer ponctuellement des aliments de convalescence (ex. : Hill’s a/d)
  • Hydratation renforcée par les aliments humides
  • Équilibre économique : pâtée le matin, croquettes le soir

Comment hydrater un chat qui ne boit pas ?

De nombreux chats ne boivent pas suffisamment, même lorsqu’ils en auraient besoin. Voici quelques solutions utilisées en France :

  • Eaux formulées pour chats (type Vet Aqua, très faiblement minéralisées)
  • Snacks hydratants : purées ou gelées (ex. : Vitakraft Souprise, Tomojo Hydratation)
  • Fontaines à eau incitant à boire (Catit, PetSafe…)

Il existe également des fontaines connectées avec suivi par application, de plus en plus populaires auprès des foyers urbains.

Que faire en cas de refus alimentaire ?

Les chats peuvent refuser un nouveau régime s’il est introduit trop brutalement. Voici des techniques recommandées :

  • Transition progressive sur 10–14 jours (mélange croissant du nouvel aliment)
  • Réchauffer légèrement la pâtée pour en exalter les arômes
  • Ajouter un peu de levure nutritionnelle ou de flocons de poisson séché
  • Respecter des horaires fixes de repas pour créer une habitude

Les vétérinaires comportementalistes insistent sur l’importance de la progressivité pour éviter un stress alimentaire chez les félins.

Gérer le budget sans compromettre la qualité

Une alimentation 100 % humide spécialisée peut coûter entre 70 € et 110 € par mois. Voici des solutions de compromis réalistes :

  • Pâtée vétérinaire le matin, alternative faible en phosphore le soir
  • Mélange 70 % pâtée / 30 % croquettes adaptées
  • Préparation maison sous contrôle vétérinaire strict

Rappelons qu’une bonne gestion nutritionnelle permet souvent de retarder des soins coûteux comme la dialyse.

Quel est le meilleur choix pour votre chat ?

D’un point de vue clinique, la pâtée est généralement préférable pour un chat IRC, grâce à son taux d’humidité et sa digestibilité. Mais chaque chat est différent : son stade de la maladie, ses préférences alimentaires et votre disponibilité doivent être pris en compte.

Une étude menée par l’École nationale vétérinaire d’Alfort a montré que les chats nourris exclusivement avec une pâtée rénale adaptée avaient une espérance de vie 1,6 fois supérieure à ceux recevant une alimentation standard.

Une décision à prendre avec votre vétérinaire

Chaque cas est unique. Les analyses sanguines, le comportement alimentaire et l’évolution clinique doivent guider le choix du régime. Un suivi vétérinaire est indispensable pour adapter la stratégie nutritionnelle sur le long terme.

Clause de non-responsabilité

Ce contenu est fourni à titre informatif uniquement. Il ne remplace en aucun cas une consultation ou un diagnostic vétérinaire. Pour toute décision concernant la santé de votre animal, adressez-vous à un professionnel qualifié.